Lors de la présentation du budget de la France par le Ministre des finances, j’ai critiqué l’hypothèse de croissance à 1,5% car le contexte économique n’autorise pas cet excès d’optimisme, et quand bien même le Gouvernement y croirait, il aurait été plus raisonnable de sous-évaluer les recettes et de surévaluer les dépenses plutôt que de faire l’inverse. J’ai également contesté la perspective annoncée d’un repli du déficit de la France à 2,7% car, avec cette prévision très discutable, la France prend un double risque – de crédibilité et financier – en s’exposant aux sanctions européennes et en affichant un budget fragile dans ses grands équilibres.
Mais la véritable critique que l’on peut faire sur ce budget – et qui vaut pour tous les budgets de la France depuis plus de 20 ans – c’est son conservatisme :
- aucune remise en cause de la dépense publique pour donner à la France les moyens d’une politique moderne ;
- aucune réforme de la fiscalité des entreprises pour relancer l’emploi ;
- aucune incitation à la prise de risque pour stimuler les investissements ;
- aucun effort de modernisation des services de l’Etat pour faciliter la vie des Français.
C’est un budget « à l’ancienne » dans un monde qui bouge et dont les conséquences ne feront qu’accroître le retard que prend la France dans tous les domaines. L’éducation, la justice, la sécurité, la compétitivité auraient dû être des priorités.
Ce n’est pas le cas et nous n’aurons pas les moyens de le faire tant que nous ne prendrons pas à bras le corps la réforme des dépenses publiques. Nous sommes dans une impasse et il est fort à craindre, une fois encore, que cette absence de courage se fasse au détriment des générations à venir qui payeront très cher notre irresponsabilité budgétaire.