L’envie de nature est un enjeu de société que personne ne conteste. Tous les spécialistes convergent sur le fait que notre équilibre est intimement lié à la qualité des relations que nous entretenons avec la nature. De nombreuses maladies – de la dépression aux cancers en passant par l’impact des pathogènes – témoignent des conséquences négatives d’une artificialisation de nos vies. La question se pose donc, à la fois de préservation de la biodiversité dont nous faisons partie, mais aussi du projet de société qui en découle.
La biodiversité est un sujet de débat. Il oppose, aux deux extrémités du spectre, d’un côté les tenants d’un système naturel global dont l’anthropisation déréglerait l’équilibre, de l’autre, ceux qui défendent un processus dynamique de mutations et de transformations auquel la nature s’est toujours adaptée. Pour les uns, il est urgent de sanctuariser la nature, pour les autres, il suffit juste de corriger quelques -unes des dérives de la croissance.
Sauf à penser que nous pouvons facilement infléchir le cours du monde, ces thèses relèvent de deux formes de naïveté, utopique pour l’une et inconsciente pour l’autre. D’une part, parce qu’une vision idéalisée de la nature revient à nier le mouvement régulier du progrès. D’autre part, parce que l’accélération récente et anarchique de la croissance entame nos ressources naturelles, bien au-delà du raisonnable. Le « jour de dépassement » qui mesure la date à laquelle nous consommons la part renouvelable des ressources naturelles est passé en l’espace de 40 ans du 1er décembre au 22 août. Dans le même temps, la banquise arctique a perdu 96% de sa surface. Ce rythme n’est plus tenable.
La question se pose donc d’un projet de société dont les enjeux de biodiversité s’articulent avec une modernité dont chacun aspire à profiter des effets. Très concrètement, préférons-nous « la nature en ville » ou « la ville dans la nature » ? Les deux alternatives répondent à la même aspiration largement partagée : se rapprocher de la nature. Mais elles ouvrent deux projets dont les constructions politiques, économiques et sociales sont particulièrement divergentes. Bien conscient de l’urgence de verdir les centres villes pour lutter contre les îlots de chaleur – je m’y emploie dans ma commune – , il n’en demeure pas moins que « la nature en ville » en tant que projet de société, me semble être à la fois une fausse promesse et un renoncement. Au-delà du fait qu’elle ne répond plus au besoin d’espace exprimé par les Français, cette promesse procède d’une vision passéiste de la ville et consumériste de la nature. Turgot témoignait de ce risque dès le XVIIIème siècle : « Les eaux rassemblées artificiellement dans les bassins et les canaux amusent le voyageur par l’étalage d’un luxe frivole ; mais les eaux que les pluies répandent uniformément sur la surface des campagnes, que la seule pente du terrain dirige et distribue dans tous les vallons pour y former des fontaines, portent partout la richesse et la fécondité ».
Je crois à l’idée de « la ville dans la nature ». Puisque l’innovation technologique a fait passer la notion de masse critique d’une forme concentrée à une forme distribuée, nous pouvons répondre à l’attente croissante des Français de choisir des lieux de vie plus proche de la nature. En 2018, j’avais expliqué dans un essai que nous allions passer progressivement d’un modèle où « nous vivons là où il y a du travail », à celui où « nous travaillerons là où nous voulons vivre ». Ce mouvement est lancé ; les réseaux numériques en façonnent l’armature ; les Français préfèrent les villes moyennes ; et on observe chaque jour combien les innovations permettent de concilier modernité et liberté de choisir un lieu de vie plus proche de la nature.
L’échelle territoriale est celle par laquelle l’Homme et la nature peuvent se réconcilier. Nos territoires témoignent de ce dialogue incessant. Le patrimoine, mais aussi les savoir-faire et les styles de vie procèdent d’un échange à la fois patient, intelligent et respectueux entre les Hommes et leur environnement. Cette opiniâtreté a façonné nos cultures. Les diluer dans un paradigme urbain et uniforme – même jalonné de plants de tomates – serait le pire risque pour la biodiversité. Gare aux effets de mode …
Publié le 19 mars dans le Magazine Marianne
« un échange à la fois patient, intelligent et respectueux » est un bon exemple de l’esprit de modération utile de M Fromantin, comme une condamnation des excités les plus récents, connus, ironiquement, comme « écologistes » et, de façon plus précises comme destructeurs.
Le patrimoine humain étant le plus précieux, je remercie la municipalité et tous les volontaires qui assurent les vaccinations, compromises par le désordre gouvernemental. J’ avais pensé à une punition pour avoir mal voté, punition qui aurait pu être levée si le conseil départemental acceptait de nommer désormais le lycée Pasteur: lycée Macron.
Pour revenir à la nature dans Neuilly, certains mauvais esprits pourraient regretter l’esprit dominateur d’Engie dans le quartier Chézy-Perronet; je suggère d’utiliser cet esprit fouisseur pour attirer de nouvelles entreprises à Neuilly par ce slogan: « Neuilly et son golf à 180 trous.