Conférence de presse : les villes moyennes, leviers de développement économique

En présence de Xavier Bertrand, Carlos Moreno, Pascal Coste, Fabrice Le Saché, Philippe Vigier, Nathalie Sultan, Patrick Vignal, Sonia de La Provôté, Quentin Brière, Olivier Mariotte etc. au Café Joyeux – Champs-Elysées.

Dans une économie dont les signaux s’allument au rouge : baisse de 100 milliards des exportations dont il est à craindre qu’elle contribue à l’érosion de nos parts de marché ; accélération des restructurations dans tous les secteurs pour rétablir les marges des entreprises ; faible impact des perspectives de relocalisations compte-tenu de la prégnance des chaines de valeurs sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des Français etc.

Il est urgent de tracer quelques axes stratégiques qui partent des désidératas des Français, qui répondent à la fois aux contingences économiques, sociales et environnementales, mais également qui tirent le meilleur bénéfice de l’innovation technologique.

 

  • Une part prépondérante et croissante des Français (entre 70 et 80% selon les études d’opinion) choisiraient de vivre dans des villes moyennes ou des zones rurales s’ils en avaient la possibilité. Cette tendance est constante depuis 5 ans. Elle s’accélère avec les crises. Elle mérite d’être encouragée. Car, dans une économie dont la part de PIB issue de l’économie présentielle dépasse les 70%, cette tendance constitue un levier majeur pour la redynamisation de nos territoires. Elle relativise à court terme l’enjeu industriel dont la part de PIB dans l’économie est inférieure à 15% et amène à considérer prioritairement l’attractivité résidentielle. Il y a une décorrélation constante dans les métropoles entre le PIB/h d’une part, les revenus et l’emploi d’autre part (…) « La rupture pourrait ne pas se situer entre territoires résidentiels et territoires exportateurs mais entre territoires attractifs et répulsifs » (Residential economy and territorial compétitiveness)

 

  • Les perspectives du télétravail renforcent cette évolution. Elles participent également d’une meilleure distribution territoriale de l’économie tertiaire, jusqu’à présent très concentrée dans quelques métropoles. Ce glissement appelle cependant des efforts significatifs en matière de réseaux numériques, de création de tiers-lieux et d’infrastructures de mobilité, en particulier entre les villes moyennes et les métropoles. 60% des entreprises envisageraient d’avoir plus d’1/4 de leurs salariés en télétravail avec une moyenne de 2 jours par semaine (3/7ème de la semaine dans l’entreprise)

 

  • La nouvelle distribution géographique qui s’amorce nécessite également une meilleure visibilité de long terme sur l’aménagement du territoire afin de pouvoir investir sereinement. C’est la raison pour laquelle la sanctuarisation d’une armature de villes moyennes est essentielle. Elle permet de stabiliser la localisation d’équipements essentiels (hôpital, gare, école etc.) et ainsi de sécuriser les investisseurs privés (particuliers et entreprises), mais aussi les collectivités locales. Le réseau des 350 villes moyennes doit être la toile de fond qui concentre durablement les équipements de proximité.

 

  • Néanmoins, cette nouvelle économie résidentielle aura un impact d’autant plus fort sur le développement des territoires que ses effets multiplicateurs locaux seront encouragés ; autrement dit, si les résidents peuvent consommer les productions locales, au plus près de là où ils vivent. Il est par conséquent indispensable de développer les circuits-courts pour stimuler les effets d’entrainement de l’économie présentielle sur l’économie productive locale. Les bassins de vie constitués autour des villes moyennes sont la meilleure échelle pour développer ces boucles locales de consommation

 

  • Le développement des circuits-courts doit aussi s’entendre comme un parcours d’apprentissage des producteurs. L’industrialisation du XIXème siècle est née d’une forme d’hybridation entre des circuits-courts et les machines. La réindustrialisation passera en partie par une nouvelle hybridation entre les circuits-courts et les technologies. Ce levier est fondamental. Il appelle à ce que soient mis en place des dispositifs d’accompagnement et de formation mais aussi des structures d’appui et de financement au plus près des territoires et des producteurs.

 

  • Ces dynamiques de développement local seront d’autant plus fortes que l’attractivité culturelle sera renforcée. Il existe de très fortes corrélations entre le développement culturel d’un territoire et sa prospérité générale. Cela joue sur plusieurs paramètres : accroissement du sentiment d’appartenance et encouragement de l’investissement, développement des industries créatives, attractivité résidentielle, tourisme. Les atouts culturels d’un territoires sont souvent le socle de ses avantages compétitifs.

 

  • La mise en place d’un programme de renouveau économique autour des villes moyennes appelle par conséquent des investissements de quatre ordres : attractivité résidentielle (qualité des infrastructures numériques, installation de tiers-lieux, rénovations type « action cœur de ville » dans sa double dimension résidentielle et commerçante, campus connectée, éducation, santé etc.), attractivité culturelle, infrastructures numériques et mobilités (zones rurales > villes moyennes > métropoles). Une grande partie de ces investissements doit être pilotée localement et/ou régionalement. Selon le think tank Infrastructures France, la remise à niveau de l’ensemble des infrastructures nationales françaises couterait 50 milliards d’EUR. La dégradation de nos infrastructures a fortement contribué à la perte d’attractivité de nos territoires.

 

  • Ces investissement structurants pourraient faire l’objet d’un acte II du plan de relance structuré autour de l’attractivité des villes moyennes. Il conviendrait néanmoins d’y associer les Français dans le cadre d’une mobilisation de leur épargne. Une des pistes que nous avons proposé coniste à libérer les plans d’épargne logement en autorisant leurs détenteurs (14 millions de Français) à les utiliser pour abonder des véhicules d’investissements régionaux dédiés aux infrastructures territoriales. Cette évolution aurait un double effet : de long terme sur les investissements locaux, de court terme sur la consommation locale par l’attribution de la prime de 1525 EUR.

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