La France va connaitre une récession parmi les plus fortes au monde (source OCDE). Au delà des conséquences sociales que cela va entrainer , il est à craindre que l’écart entre la France et ses compétiteurs va s’accroitre. La spirale nous guette d’un enchainement à haut risque : hausse des dépenses publiques, accroissement des prélèvements obligatoires et de la fiscalité, perte de compétitivité des entreprises, difficultés accrues de notre économie, tensions sociales, chômage …. Ce risque est d’autant plus significatif que nos fondamentaux économiques d’avant-la-crise étaient déjà mal en point.
La dette que va contracter la France suite à la pandémie pourrait vite devenir contreproductive si elle ne participe pas d’un projet de développement de long terme.
Nous ne sortirons de cette affolante spirale qu’à trois conditions : 1) la mise en place d’un calendrier de réformes structurelles en capacité de réduire significativement et durablement le poids de la dépense publique et ses impacts sur la fiscalité et les charges; 2) le lancement d’un plan d’investissements publics d’au moins 80 milliards – pour l’essentiel régionalisé – visant à redynamiser nos territoires et nos avantages comparatifs et à permettre aux Français de réaliser leurs projets de vie : requalification des villes moyennes, de leurs équipements et de leur patrimoine, modernisation des mobilités selon un maillage préétabli, accélération du déploiement du très haut débit, transition énergétique; 3) l’organisation d’un système politique plus flexible, mieux ajusté aux enjeux territoriaux, ouvrant une nouvelle vague de décentralisation et une perspective moderne d’aménagement du territoire.
Cet enjeu de redynamisation repose sur une double exigence, de vision et de confiance. Car seule, la mise en perspective d’une politique globale dans le cadre d’un projet de société sera de nature à réengager la confiance et l’adhésion des Français. Nos initiatives, nos investissements, notre mobilisation dans ce qui participera au redressement du pays dépendent du cap qui sera proposé. La philosophe Simone Weil, dans l’Enracinement – au moment où il fallait envisager l’après-guerre – rappelait très justement : « De remède il n’y en a qu’un. Donner aux Français quelque chose à aimer. Et leur donner d’abord à aimer la France. Concevoir la réalité correspondant au nom de la France de telle manière que telle qu’elle est, dans sa vérité, elle puisse être aimée avec toute l’âme ».
Depuis plusieurs années, les Français expriment leur attachement à la France et à son patrimoine, ils manifestent leurs attentes sur les projets de vie auxquels ils aspirent; par l’importance de leur épargne, ils portent un potentiel de contribution très important, indispensable aux investissements nécessaires au redressement de leurs régions et de la France. C’est avec eux qu’il nous appartient de créer les conditions pour faire de nos atouts, de nos ressources et de nos talents les ferments d’un projet de développement. Ce ne sont pas les hausses d’impôts et de charges dont nous avons besoin – dont le risque est qu’ils disparaissent dans les poches percées d’un Etat centralisé et piètre gestionnaire – mais d’investissements d’avenir, à fort effet multiplicateur, portés par l’épargne des Français dans le cadre d’emprunts obligataires, fléchés par les collectivités régionales et locales pour réaménager les territoires, et garantis par l’Etat. C’est de cette manière que nous engagerons les Français vers une nouvelle perspective d’espérance.