Dans une tribune publiée par le quotidien Les Echos je propose 6 axes structurels vers lesquels nous devons aller pour positionner la France dans la mondialisation et soutenir durablement nos exportations :
Lire mon point de vue sur le site web du quotidien ou ci-dessous :
Depuis 20 ans, chaque Gouvernement annonce la création d’un nouveau « guichet unique » pour relancer les exportations. Le Premier ministre a respecté le rituel. Au delà du fait que cela ne sert strictement à rien, cela prouve, une fois de plus, la faiblesse de l’analyse et l’absence d’ambitions pour promouvoir durablement le commerce extérieur de la France. En 20 ans le monde a profondément changé et les réponses devraient être à la hauteur.
Notre vrai problème à l’international, comme le montre la dégradation régulière de nos parts de marché, relève pour l’essentiel de l’érosion de nos avantages comparatifs .
Là où notre offre était singulière, compétitive et évolutive, en 20 ans, elle est devenue plus banale, chère et de moins en moins en phase avec le rythme de la consommation. Quelques grandes marques tirent l’image des entreprises françaises mais, à l’exception des enseignes de luxe, la plupart ont choisi de produire aux plus près des nouveaux consommateurs plutôt que d’exporter. Notre offre se heurte dorénavant à une concurrence des pays émergents, leaders mondiaux sur le bas de gamme, plus forts que nous sur le moyen de gamme et de plus de plus dynamiques sur le haut de gamme. Un défi difficile à relever pour nos entreprises moyennes ; nos parts de marché en témoignent. La faute à qui ? En grande partie aux Gouvernements successifs qui, à force de faire peser la surcharge de dépenses publiques sur les entreprises, ont progressivement neutraliser leur potentiel d’adaptation. Conséquence : nous sommes de moins en moins compétitifs sur le moyen de gamme et pas assez innovants sur le haut de gamme. Mais aussi – et plus grave encore – nos gouvernants n’ont pas su anticiper les tendances, ni vraiment compris la mondialisation, et semblent toujours encalminés dans une forme de conservatisme économique.
Les crises successives de la métallurgie ou du textile, les tensions sur l’élevage et plus globalement sur l’agriculture ; la massification des flux ; l’émergence d’une nouvelle classe moyenne ; la révolution numérique ou l’explosion du commerce en ligne devraient pourtant faire réagir nos Gouvernements.
La France attend d’autres réponses que celle des « guichets uniques » qui n’ont pour objectif que de réconcilier des chambres de commerce et les services de l’Etat qui se chamaillent depuis 20 ans ! Là n’est plus le sujet.
Quant aux promesses de financements, au delà du fait que tous les pays en proposent, il suffit d’appliquer au PIB de la France le taux de dépense publique de l’Allemagne (45%) pour retrouver les 250 milliards d’écart entre les balances commerciales de nos deux pays ; et pour comprendre que les exportations françaises ne relèvent pas d’un problème de subventions mais d’un différentiel quasi-rédhibitoire de prélèvements obligatoires.
Par conséquent, le même Etat, s’il veut vraiment aider les exportateurs, doit faire des réformes de structure, plutôt que de créer des dispositifs-gadgets sans effets.
Si on considère la baisse de nos parts de marché comme le signe avant-coureur de nos difficultés économiques et sociales, il est vraiment urgent de prendre les bonnes mesures pour notre commerce extérieur.
Une politique résolue mériterait une vision mondiale, une ambition nationale et des actions au plus près de nos territoires.
Cela tient en six orientations stratégiques à opérer d’urgence et à déployer sur le long terme :
1) Faciliter durablement les investissements et l’adaptation compétitive de nos entreprises pour recréer de la valeur ajoutée et singulariser notre offre
2) Stimuler l’usage du digital pour propulser nos produits sur les leviers de diffusion que sont les places de marché en ligne ou les robots d’indexation
3) Renforcer notre création et notre rayonnement culturel dans tous les territoires car ils constituent le meilleur promoteur de notre potentiel de différenciation et d’attractivité
4) Développer les points de connexion de nos territoires avec le monde par une véritable ambition portuaire et aéroportuaire car la mobilité du fret est essentielle pour permettre aux entreprises de s’intégrer dans les nouvelles chaines de valeur
5) Relier le tourisme à la production française pour faire de notre pays le show-room de ses produits et de ses savoir-faire
6) Aider certaines entreprises à acheter à l’étranger car, dans un monde global, une politique de valeur ajoutée implique qu’elles se concentrent sur le meilleur de leurs savoir-faire.
Quant à l’annonce sur l’apprentissage de l’anglais, on ne peut qu’adhérer, mais cela relève d’abord d’une politique générale du ministère de l’Education nationale pour donner à tous nos jeunes cette capacité essentielle mais aussi, et surtout, d’une mobilisation de moyens à la hauteur de l’enjeu. Ce qui est loin d’être garanti.
Compte-tenu de l’importance de ce levier de croissance, j’espère de ce Gouvernement qu’il prenne enfin la mesure de l’enjeu. Car, quoiqu’il arrive, le moment arrivera où les entreprises nouvelles s’adapteront naturellement à la réalité des échanges ; elles s’installeront quelque part dans le monde pour optimiser leurs chances de succès, là où les conditions sont les plus favorables et là où les marchés sont les plus dynamiques. Une génération fonctionne déjà comme cela, au détriment de ceux qui n’auront ni la qualification, ni les moyens de le faire ; d’où l’urgence de tout faire pour que la France ne s’installe pas dans l’angle mort des échanges internationaux et permette à chacun de faire de son pays et de son territoire des espaces de réussite.
Mon expérience sur l’exportation : De 1990 à 2004, avec mon associé nous avons accompagné des milliers d’entreprises à l’international dans le cadre d’un dispositif innovant de prospection ; puis nous avons lancé les premières plateformes d’accompagnement sur Internet pour les exportateurs qui ont progressivement été déployées partout dans le monde en partenariat avec les plus grandes banques. En 2012, alors Député, j’ai lancé une mission d’évaluation des politiques publiques sur le soutien aux entreprises exportatrices avec plusieurs propositions à la clé. En parallèle, j’ai rédigé plusieurs rapports sur l’importance stratégique des grands ports maritimes. Enfin, durant sept ans, la préparation de la candidature de la France à l’Exposition universelle a été un observatoire privilégié des tendances à l’international.
M. Fromantin a connu, de façon cruelle, la réalité d’un gouvernement frileux et craintif qui ne sait pratiquer que la destruction sous un voile vertueux de modernisme et de réformes. M. Macron ne parle pas de favoriser une évolution favorable de notre système bancaire mais pense piller les dépouilles d’un système financier britannique qui restera soutenu par ses compétences uniques, Brexit ou non. Avant lui, nos amis américains pensaient détruire la place financière suisse.
M. Macron détruit la République en méprisant le Parlement. Son régime politique n’a pas la volonté de soutenir une politique de développement du transport, volonté constante de M. Fromantin.
L’apparence d’une politique de droite ne peut dissimuler le caractère profondément dirigiste du régime qui reproduit le dirigisme de l’Union Européenne. Nous avons connu une volonté dirigiste anarchiste sous l’apparence du désordre des esprits de mai 68. Cela suffit. Les forces républicaines, d’où qu’elles viennent, doivent se rassembler.
Bonjour,
Est-ce que vous discutez avec Force Républicaine et Objectif France ?
Si oui, où en sont les discussions ?
Si non, pourquoi ?
Merci !