Les qualificatifs employés par le président de la Banque centrale au sujet des budgets européens, comme ceux qui ressortent de l’avis du Haut Conseil aux finances publiques sur le budget de la France, doivent nous alerter sur la sincérité et l’équilibre du budget qui nous est présenté ce matin.
Ces critiques sont corroborées par trois chiffres clés :
- 1,5% de croissance…budget imprudent ! Cette hypothèse s’avère optimiste, voire très imprudente, car le contexte international [augmentation de la facture énergétique, panne européenne ou tensions géopolitiques], les aléas de l’économie française [contre-performance touristique, difficultés de nos exportations ou problèmes récurrents de nombreux secteurs industriels ou agricoles], ne permettent pas d’envisager sérieusement cette trajectoire de croissance.
« Le contexte économique n’autorise pas cet excès d’optimisme, et quand bien même le Gouvernement y croirait, il sera plus raisonnable de sous-évaluer les recettes et de surévaluer les dépenses plutôt que de faire l’inverse » rappelle le Député, membre de la Commission des Finances.
- 2,7% de déficit…budget mal ficelé ! Dès lors que les recettes sont optimistes et les dépenses sont minorées, il est possible de faire ce type d’annonce. Mais trop d’incertitudes pèsent sur l’évolution des dépenses publiques pour prétendre s’inscrire dans une maîtrise de notre déficit nominal. Les comptes de l’assurance chômage et de l’assurance maladie, les difficultés pour l’Etat à maîtriser son budget dans un contexte instable, mais aussi le risque qui pèse sur les taux d’intérêts appellent de véritables arbitrages budgétaires. C’est ce que vient de rappeler le Président de la Banque Centrale Européenne, à l’adresse des pays aux économies tendues, en leur demandant de « mieux ficeler » les budgets [mieux arbitrer leurs dépenses] pour respecter les trajectoires de stabilité tout en libérant la croissance…
« La France prend un double risque – de crédibilité et financier – en s’exposant aux sanctions européennes et en affichant un budget très discutable dans ses grands équilibres » regrette Jean-Christophe Fromantin.
- 7 milliards de baisse d’impôts…clientéliste ! C’est un point de passage obligé dans une année électorale. On fait les petits cadeaux de dernières minutes aux ménages et aux entreprises pour tenter de sortir par le haut. Les ménages bénéficieront de 2 milliards de baisse d’impôts réparties entre un effort sur l’impôt sur le revenu et l’emploi à domicile. Les entreprises bénéficieront du solde du dispositif inscrit dans le pacte de responsabilité, soit environ 5 milliards. Avec à la clé une amorce timide de baisse de l’IS puisqu’il faudra attendre … 2020 pour se rapprocher des niveaux européens.
« Ces petits cadeaux de fin de mandat sont le reflet d’une fin de cycle politique et économique (…) les décisions sont erratiques, elles traduisent cruellement l’absence de vision, de perspectives et d’ambition » souligne le Député des Hauts-de-Seine.