[Mon interview dans l’hebdomadaire Famille Chrétienne le 30 août 2016]
Pourquoi ne croyez-vous pas au processus des primaires de la droite ?
Les primaires ont pour effet de dérégler le moteur de la présidentielle. Il continue à tourner sans produire de sens. Il ne faut pas s’étonner que le débat soit au ras du sol car on a perdu la hauteur nécessaire. L’objectif des primaires ne consiste pas en effet à faire gagner la France mais à assurer la prospérité d’un camp. Sur la forme, des écuries luttent les unes contre les autres en s’emparant des sujets les plus clivants et clientélistes qu’offre l’actualité, au détriment des sujets de fond totalement relégués. Sur leur principe même, les primaires sont contraires à l’esprit de la Ve République qui repose sur l’équilibre des pouvoirs. L’exécutif est censé prendre du recul tandis que le législatif s’enracine dans les territoires. Les primaires pervertissent nos institutions : le Président devient l’émanation d’un parti politique tandis que les législatives deviennent les conséquences des présidentielles … le système est vérouillé et le tour est joué.
C’est la même impasse à gauche ?
On dit que les primaires ont réussi à la gauche en 2012. Ce fut sans doute une réussite tactique mais peux t-on parler d’une réussite politique ? Le quinquennat qui a suivi n’a pas vraiment été porteur d’espérance ! Jamais on n’a vu un Président aussi bas dans l’opinion, jamais une majorité n’a été aussi fragmentée. Pourquoi ? Parce que l’adhésion que devait susciter la présidentielle n’a pas été au rendez-vous. Il y a eu 50% d’abstention, 25% des voix en faveur des partis populistes et 15% du corps électoral mobilisé pour le futur Président. Les primaires ne favorisent pas un rassemblement et privent la France d’un élan.
Que pensez-vous des principaux compétiteurs à droite ?
Les candidats sont tous piégés. Chacun travaille pour son propre camp qui escompte une victoire et donc des places de ministres ou de députés. Ils sont obligés de pratiquer la surenchère ; même François Fillon qui avait tenu pourtant à ne pas dévier de son programme est descendu avec les autres sur le ring. Où est la cohérence et la crédibilité quand les mêmes qui ont défendu la politique de Sarkozy pendant cinq ans, rivalisent aujourd’hui d’audace pour la critiquer ? Les Français sont las de ces jeux de rôle qui trahissent des ambitions personnelles et une absence d’ambitions pour la France.
Je crois que les ténors de la droite vont sortir très cabossés et très divisés des primaires. Au moment où il faut rétablir la confiance en politique, cette compétition va générer encore plus de défiance. Le vainqueur aura tellement pris de coups – il en aura tellement donné aussi – qu’il n’en sortira pas grandi.
Pourquoi les nouvelles générations ne font plus confiance aux politiques ?
Je suis intervenu en Pologne lors des JMJ auprès de jeunes de Lyon. La plupart étaient convaincus que les politiques étaient des gens « corrompus ». J’ai essayé de leur expliquer que les politiques n’étaient pas tous des hommes corrompus financièrement ! Mais pour eux la corruption est quelque chose de plus large. C’est la capacité de détourner les institutions à des fins personnelles pour en faire profiter leurs affidés.
Les chrétiens sont plus sensibles que les autres à ce détournement ?
Paradoxalement, le grand absent de la présidentielle c’est le centre ou plus exactement le courant politique issu de la démocratie chrétienne. Ce courant politique s’est construit sur la réconciliation, il veut remettre de la confiance, de l’initiative en repartant des talents de chacun, de la famille et de l’entreprise au sens large. C’est cette politique de la confiance en l’homme que nous devons réhabiliter en appellant les Français à mettre leurs talents au service de la France. C’est un devoir. Faute de cela, deux verticalités politiques s’affronteront encore une fois dans notre pays avec son lot de « professionnels » de la politique. A droite avec le culte de l’Etat autoritaire – à gauche avec le culte de l’Etat gestionnaire. Tout cela est totalement dépassé.
Bien que vous ayez été réticent concernant les primaires de la droite et du centre, pourriez-vous indiquer qui a votre soutien – ou votre préférence – entre François FILLON et Alain JUPPE, le vainqueur étant vraisemblablement notre futur président de la République ?
Vous êtes contre les primaires, mais vous apportez votre parrainage à Hervé MARITON homme de la droite de la droite !!!!!!!!!!!!
Incompréhensible .
Pourquoi ne pas soutenir Geoffroy DIDIER en plus
Certaines verites sont agréables à entendre.
Bravo