La culture américaine a ceci de fascinant qu’elle se nourrit d’enthousiasme et d’espérance et qu’elle ne s’encombre pas de complexité inutile. Je rentre de trois jours passés à Washington DC pour participer au « National Prayer Breakfast ». Un événement particulièrement original qui réunit, chaque année depuis 1953, à l’initiative de plusieurs membres du Congrès américains, et avec la participation du Président des Etats-Unis, des parlementaires Républicains et Démocrates et des personnalités politiques et économiques venues du monde entier. Certains sont Chrétiens, d’autres Juifs, Musulmans ou athées mais tous sont inspirés par une profonde envie de développement, de dialogue et de réconciliation.
Je ne connaissais pas ce rendez-vous international avant d’y être invité ; j’étais un peu sceptique en y allant, mais l’expérience méritait d’être tentée. Les trois jours se déroulent chaque année au Washington Hilton, transformé pour l’occasion en véritable ruche internationale. Les journées sont intenses. Elles sont rythmées par des temps de prière, des rencontres entre parlementaires et des conférences sur les grands enjeux de notre planète. Bien que Chrétien, entendre des Sénateurs américains invoquer dans les échanges le « spirit of Jésus » était pour le moins surprenant, surtout pour nous qui réservons plutôt les sujets religieux à la sphère privée et que les nouveaux bien-pensants tentent d’encadrer dans une laïcité de plus en plus normative. Même si cette référence à Jésus n’a pas la même signification pour tous les participants, elle n’en demeure pas moins un catalyseur efficace et un message d’espérance pour tous. « Jésus gives us the courage to resist » rappelait le Président Obama en démarrant son intervention jeudi matin, puis de la conclure par une prière « I pray that our leaders will always act with humility and generosity. I pray that my failings are forgiven. I pray that we will uphold our obligation to be good stewards of God’s creation — this beautiful planet. I pray that we will see every single child as our own, each worthy of our love and of our compassion. And I pray we answer Scripture’s call to lift up the vulnerable, and to stand up for justice, and ensure that every human being lives in dignity ».
L’idée de ce National Prayer Breakfast est à la fois simple et ambitieuse : créer des liens entre des personnalités internationales qui partagent des valeurs et qui cherchent à faire progresser les causes pour lesquelles ils s’engagent. Des personnalités aussi diverses que Ioulia Tymochenko, figure emblématique de la Révolution Orange en Ukraine, Paul Ryan, Speaker des Républicains à la Chambre des Représentants ou l’acteur Morgan Freeman, participaient à ces rendez-vous du NPB 2016.
En participant à cette rencontre je me disais que, bien que nous n’abordions pas les choses de la même manière, nous gagnerions, à l’instar de nos amis américains, à retrouver plus souvent cet esprit de réconciliation. Mais aussi à tisser de nouveaux liens entre hommes et femmes de bonne volonté. Nous l’avions en 1950 quand Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide de Gaspieri lançaient un espace européen de paix et de stabilité. Cela a été un formidable moteur, mais l’envie s’est épuisée et le monde a changé. Je reviens de Washington avec cette conviction qu’il est temps de tisser à nouveau ces liens et de retrouver un esprit de réconciliation, de courage et d’audace pour donner à la France et à l’Europe un nouvel horizon …
Merci d’avoir trouvé les mots justes pour relater cette expérience si forte que nous avons eu la chance de vivre avec la délégation française. De notre côté, nous continuerons avec Ziléos dans la foi et l’espérance, à former les jeunes à l’esprit « d’audace et de courage ». Patrick et Beatrice François