Je participais cette semaine aux travaux du « Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques » à l’Assemblée Nationale sur le bilan de la RGPP (Reforme Générale des Politiques Publiques) et la mise en place de la (nouvelle) MAP (Modernisation des Politiques Publiques). Le sujet de l’efficacité des politiques publiques est aujourd’hui stratégique compte tenu d’une part des difficultés budgétaires de la France et de l’évolution des usages. Je suis intervenu pour rappeler /proposer trois principes : le premier est d’aborder cette question en partant des besoins des usagers – et non pas de la réforme des structures administratives – car l’enjeu essentiel dont nous devons être les garants est d’assurer des services publics au plus prêt des attentes et de l’évolution des besoins. J’ai rappelé que nous pouvions, à partir des statistiques d’accueil du public dans les différentes administrations, – par ordre d’importance – revoir un à un tous les parcours des usagers pour : faire un passeport, passer son permis de conduire, créer une entreprise, avoir une aide sociale, s’inscrire dans une école, chercher un emploi, etc. C’est avec une telle démarche que la modernisation des services publics aurait un sens pour chaque français. C’est avec ce type d’approche qu’on réconcilierait nos concitoyens avec l’action politique. Le « non remplacement d’un fonctionnaire sur deux » (RGPP) ou le « 0 » valeurs ne sont que des moyens, certes nécessaires mais pas suffisants. La vraie question est celle des choix, des priorités ou des orientations que l’on veut donner à l’action politique dans l’intérêt des français. Nous devons en faire une priorité !
Ma seconde intervention portait sur les « leviers » pour avancer vers cette modernisation. J’en vois trois : – à partir du moment ou l’on part de l’usager – ; il faut d’abortd être en mesure de raisonner et d’agir de façon transversale entre les différents ministères/administrations pour proposer des services publics efficaces. Celui qui crée une entreprise n’a pas à être baladé entre les administrations relevant de l’économie, des impôts ou des aides régionales; celui qui cherche un emploi n’a pas à courir entre la sécurité sociale, le pôle emploi et les structures de formation etc. C’est à nous de faire en sorte que nos administrations accompagnent les usagers en coordonnant nos politiques publiques autour des besoins. Nous devons proposer des « solutions ». Ce travail passe par une réorganisation profonde de nos administrations. Le deuxième levier c’est celui des technologies; alors que les entreprises développent des solutions en partant des profils et des comportements des personnes, les acteurs publics auraient avantage à développer une démarche similaire en intégrant davantage les ressources numériques pour connaître et suivre les usagers et leurs attentes. C’est aussi grâce à l’intégration d’une ambition technologique que nous ferons les gains de productivité en mesure de consacrer davantage de moyens à l’essentiel et de faire des économies. Le troisième levier enfin est celui de l’action territoriale car la modernisation de l’action publique passe par un meilleur ajustement des politiques publiques aux réalités sociales, démographiques et économiques de nos territoires. À la veille d’un acte III de la décentralisation nous devons être prêts à envisager des transferts de responsabilité et une ré allocation des compétences en fonction des solutions qu’attendent nos concitoyens.
L’écart de dépenses publiques entre la France et l’Allemagne est de 170 milliards d’EUR … ! Il est temps de repenser en profondeur l’optimisation de nos politiques publiques pour qu’elles coûtent moins chers et offrent un meilleur service.
Votre dernière phrase résume bien l’essentiel de ce qu’il faudrait faire. Il me semble que l’on pourrait aller encore plus loin en s’interrogeant sur les missions de l’Etat. Il y a des actions de dynamisation et d’investissement à mener où l’Etat est presque totalement absent, d’autres missions de pure gestion qu’on pourrait abandonner sans dommages majeurs. Vaste programme.
Et encore merci de votre pugnacité à proposer sans parti pris idéologique.