Le projet de rapprochement entre l’UDI et le MODEM n’était pas dans l’acte fondateur de l’UDI ; il ne me parait pas répondre au projet politique que l’UDI devrait porter, et ce pour quatre raisons :
1- La situation actuelle dans laquelle la France est encalminée est le résultat d’un cycle long de « non réformes structurelles » qui nous a éloignés des réalités et des enjeux de la mondialisation. Bien que le Gouvernement actuel participe de l’accélération de cette tendance par son improvisation et son manque de courage, les Français attribuent cet échec à l’ensemble des partis politiques et des élites qui n’ont pas anticipé les évolutions du monde. Le taux de défiance de 80% vis-à-vis des responsables politiques illustre parfaitement cette réalité. Par conséquence tous les rapprochements, négociations, accords électoraux, qui plus est, entre ceux qui ont été aux responsabilités depuis de longues années, apparaitront légitimement comme des manœuvres de sauvetage, d’opportunisme ou d’ambitions personnelles, plutôt que comme un « renouvellement » porteur de perspectives innovantes et audacieuses.
2- Cette interprétation sera accentuée par la construction même de cette charte de rapprochement UDI-MODEM qui porte sur un «diagnostic », une « identité » et des « buts » plutôt que sur un « socle », un « projet » et des « objectifs ». Car la seule solution pour sortir de cette profonde crise de confiance vis-à-vis des Français est de travailler sur le périmètre et le calendrier des réformes de structure dont la France a besoin. C’est la raison pour laquelle je ne crois pas au sens même de cette initiative. Notre engagement politique doit être réinterprété dans son acception étymologique et l’urgence voudrait que, forts de nos valeurs et en toute liberté, nous travaillions à la rédaction d’un projet pour la France en associant étroitement les compétences et les expériences de la société civile. Là encore, ce rapprochement ressemble davantage à l’union de deux « fonds de commerce » – encore fragile pour l’UDI et faible pour le MODEM – plutôt qu’à un souffle nouveau. Il n’en sortira rien de fort ni de nouveau.
3- Un projet se construit d’abord sur un socle de valeurs. C’est une condition primordiale si nous voulons inscrire une perspective de réforme dans un climat de confiance. Les tensions actuelles qui prolifèrent en France – et qui génèrent la montée des extrêmes – sont la conséquence directe de cet abandon des valeurs. Il ne suffit plus de brandir les mots « liberté, égalité, fraternité et laïcité » car les Français veulent des hommes politiques engagés sur les valeurs essentielles telles que la famille, le travail, le sens du bien commun ou encore l’avenir des générations futures. Les millions de Français qui sont descendus dans la rue ces derniers mois en sont la preuve vivante car ils ne revendiquaient rien pour eux-mêmes mais nous interpellaient sur le sens profond de notre engagement. Si un projet politique n’est pas d’abord engagé sur les valeurs, s’il s’en tient à des proclamations « républicaines », il n’incarnera pas l’ambition dont la France a besoin. Là encore l’alliance UDI-MODEM élude ces questions.
4- Le sujet des valeurs amène à s’interroger sur ce qui fonde le « centre » dans le champ politique. Force est de constater qu’il y a deux manières de le considérer : soit on parle d’un « centre géographique » à mi-chemin entre la droite et la gauche dans l’utopie d’une union nationale ou d’un opportunisme politique digne de la IVème République ; soit on évoque le « centre-droit » comme une force politique singulière, attachée à la liberté d’entreprendre, à la subsidiarité et à une action de l’Etat concentrée sur ses missions régaliennes. Le « centre » vu par le MODEM n’est pas le « centre » qui a rassemblé les fondateurs de l’UDI ; les hésitations et les positions prises par le Président du MODEM en 2007 et 2012 en sont la preuve très concrète. Bâtir cette alliance sur un quiproquo aura des conséquences qui risquent fort d’affaiblir nos idées et notre projet et, par voie de conséquence, de nous éloigner des partenaires naturels avec lesquels nous sommes amenés à préparer l’avenir.
Cette alliance UDI-MODEM me paraît ainsi totalement inopportune. Contrairement à ce qu’indique le projet de charte, ce n’est pas un tel attelage qui aura la capacité de régénérer notre pays autour d’une vision et d’un projet d’avenir. Or je continue à croire que l’UDI doit refuser les tactiques d’appareil et qu’elle pourrait, si elle prenait le soin de clarifier ses valeurs et de mobiliser de nouvelles compétences, proposer un vrai projet à la France et aux Français. C’est le sens de ma participation à l’UDI.
Jean-Christophe FROMANTIN, Député-maire de Neuilly-sur-Seine, Vice-Président de l’UDI
Merci pour cette analyse. Nous avons une nécessité absolue d’un projet au service d’une ambition pour la France, au service des Français eux-mêmes, plutôt qu’un attelage au service d’ambitions personnelles.
Je vous remercie beaucoup pour votre billet très clair. Et manifestement écrit « avec le cœur ».
Vous avez raison d’insister sur les valeurs famille et travail : il faut enfin secouer le joug de cette intelligentsia de gauche qui nous interdit depuis si longtemps de parler de ce qui touche l’homme « au cœur » !
Votre définition du centre droit est simple et efficace : « girondine » en quelque sorte ! Et en effet , quand sortirons-nous du centralisme jacobin, devenu inadapté à notre société ?
Malheureusement, dites-moi si je me trompe, mais mon expérience d’adhérent UDI (PRV) m’amène à conclure que vous êtes bien seul ?
Personnellement , la proposition récente d’Hervé Mariton, UMP « Droit au Cœur » m’attire fortement : quel est votre avis sur cette initiative : peut-on espérer l’équivalent à l’UDI ? Avec vous ?
Olivier FRANÇOIS
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