Le réveil de l’opinion sur le texte « mariage pour tous » nous interpelle profondément sur la place des valeurs dans le débat politique. Aucune réforme, aucun projet, aucune échéance n’ont jamais suscité une mobilisation si spontanée, si déterminée et si intense. Ce mouvement est d’autant plus exceptionnel qu’il est animé par l’enthousiasme de milliers de jeunes et de familles, de tous horizons et de toutes confessions, dont l’engagement est si important pour l’avenir de la France. Ce mouvement d’espérance est une chance. J’ai la conviction qu’il marque l’amorce d’un profond renouveau car il a démarré en réaction à une loi qui remet en cause le principe même de la filiation. En touchant à ce principe fondamental il pose inévitablement l’acte fondateur d’une nouvelle séquence politique car si nous considérons la famille comme le socle social d’une société alors il n’est pas étonnant que le détournement de la filiation soit vécu comme la déconstruction de nos fondations.
Il est bien question de valeurs et non d’un sujet de société.
Il me semble aujourd’hui essentiel de réaffirmer clairement nos valeurs, de les assumer pleinement, et de rappeler qu’elles donnent son véritable sens à notre engagement politique. Les manifestations qui se déroulent depuis plusieurs mois nous rappellent combien les français attendent de nous cette vérité, combien ils sont attentifs à ce que notre projet politique soit d’abord respectueux des fondements de notre humanité. Ce cap est d’autant plus important que la confiance nécessaire à l’engagement des réformes de structure que nous devrons lancer appelle cette clarification préalable. Comment aborder les sujets de compétitivité, de transformation sociale ou de mutation territoriale si nous sommes en désaccord sur les valeurs humaines les plus essentielles – celles là même qui inspireront nos orientations politiques les plus stratégiques – ? Comment prétendre avoir le courage de réformer si nous n’avons pas celui de défendre d’abord nos convictions ?
Les enjeux auxquels nous devons faire face appellent de notre part plus de cohérence et d’engagement. Car la crise que nous traversons se révèlent être d’abord une crise de sens. L’absence de réponse à la question essentielle de la place de la France dans la mondialisation – et toutes les conséquences que cela provoque en terme de confiance en l’avenir – entraîne inévitablement une réflexion sur le fond. Tant que nous n’indiquerons pas un cap sur le long terme, clairement adossé à nos valeurs fondatrices, alors nous stimulerons le climat dépressif et pessimiste qui se développe en France. Le niveau de suspicion des opinions vis à vis des structures politiques montrent leur incapacité à créer de la confiance et suffisent à démontrer l’attente d’un renouveau. Nos partis politiques ont pour la plupart déserté le terrain des valeurs ; ils se contentent trop souvent de borner leurs projets à l’horizon des échéances électorales ou de rédiger leurs programmes à l’aune des émotions ou de l’actualité. N’est-ce pas cette absence de courage et d’engagement qui crée le doute dans l’opinion ? N’y a –t-il pas dans cet abandon le germe de l’impuissance auquel ils sont confrontés ? N’est-ce pas cette absence de souffle et d’ambition qui installe progressivement notre société dans le fatalisme et la résignation ?
Cette crise de sens doit d’abord interpeller chacun d’entre nous. Que nous soyons ou pas engagés dans la vie politique, elle nous rappelle que nous participons tous d’une société que nous voulons prospère et positive mais que nous devons aussi nous interroger sur nos propres contributions, concrètes et désintéressées, à ce dessein commun. C’est sans doute le sens que l’on doit donner à ces grandes manifestations qui marquent l’amorce d’une prise de conscience. Ne pas l’admettre, ne pas le comprendre, ne pas prendre à sa juste mesure ce mouvement et les questions qu’il pose, serait une faute politique définitive. Posons enfin les priorités dans le bon ordre : quelles sont nos valeurs fondatrices ? Quelle est notre vision de moyen terme pour la France dans le monde qui se dessine ? Quels sont nos projets concrets pour préserver le rang de notre pays et le bien-être de ses habitants?
Un renouveau appelle une profonde liberté et un rassemblement de tous les talents. J’ignore quelle forme cela prendra mais ce dont je suis certain c’est qu’un mouvement est en marche et que la période à venir sera pour beaucoup d’entre nous l’occasion de réengager cette dynamique d’espérance…
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Ping : Le 26 mai, ne lâchons rien, venez manifester dans Paris! | Loïc Leprince-Ringuet
Les Valeurs sont essentielles à un renouveau. Elles sont la base d’une gouvernance saine et constructive.
La Politique au sens grec est démocratie, débat.
Le projet Mariage pour Tous, a été partisan, dramatiquement « politicien primaire »: de l’opposition: vote contre, de la majorité pour. Sans élever le débat. Nous méritons mieux, un peu plus de respect des Politique.
Le Bien Commun n’est pas encore une Valeur sociétale.
Espérons que de nouveaux talents construisent un monde plus positif.
Encore merci pour votre énergie.
Entièrement de votre avis. De plus en plus de personnes prennent conscience que nous assistons non pas à une simple crise économique, mais à une mutation de notre monde qui ne peut se comprendre qu’à l’échelle mondiale et qui heurte de plein fouet les valeurs morales auxquelles nous étions habitués.. Ce qui en rend la lecture compliquée.
« Un renouveau appelle une profonde liberté et un rassemblement de tous les talents. »… nombreux sont ceux qui, comme vous, sentent plus ou moins clairement que nous sommes à l’aube d’un renouveau. Désorientés et effrayés les français ont besoin d’un projet fédérateur fondé sur le réel. Je crois qu’ils y sont plus prêts que les partis et les media ne le pensent. Les valeurs de ce projet peuvent être exigeantes pourvu qu’elles soient ordonnées à ce que chacun peut comprendre du bien commun (« dessein commun »?).
Vous posez les questions dans le bon ordre. Sans drame et tous ensemble il nous faudra sur ces valeurs refonder un système de protection sociale pensée par le CNR dans les années quarante, des institutions construite pour un homme dans un contexte de décolonisation dans les années soixante et des valeurs de vivre ensemble post-modernes nées en 68 qui ont brisé les conformismes sans donner l’éducation nécessaire aux choix permis par la liberté ainsi octroyée.
Vous êtes, avec quelques rares autres révélés par le combat récent, de ceux qui peuvent librement renouveler le sens de l’engagement en politique et rassembler au delà des partis actuels. Malgré les trésors de dévouement de leurs militants, ils sont trop compromis dans la faillite de notre pays depuis 30 ans.
Autour de moi, je ne compte plus ceux qui veulent agir et sont en recherche d’un cadre d’engagement crédible: nous suivrons avec beaucoup d’intérêt la forme que vous proposerez à cette « dynamique d’espérance ».
L’opinion est contre vous. Arrêtez d’inventer ce pseudo réveil: les Français s’en foutent de vos jappements sur un problème qui ne les concernent pas vraiment (la vie des autres, vous vous rendez compte ?), alors que d’autres problèmes. L’UMP/UDI paiera cher sa trahison de l’idéal républicain dans cette affaire.
Je trouve que ce commentaire est aussi déloyal qu’injurieux; Qui est-tu au juste Mathieu pour décréter « L’opinion est contre vous », ou « les Français s’en foutent », et même carrément « trahison de l’idéal républicain » ? Ce que j’ai observé autour de moi, dans les médias, et dans la rue à Paris depuis ces derniers mois vont très clairement dans le sens inverse :
1- j’ai entendu des gens s’indigner que le gouvernement mette autant de détermination dans un texte parfaitement inutile, alors même que notre pays s’enfonce durablement dans le chômage de masse, dans le déni le plus total.
2- j’ai vu des centaines de milliers de Français dont la plupart n’ont jamais manifestés de leur vie, défiler dans Paris à plusieurs reprises pour affirmer leur attachement à la filiation traditionnelle, et refuser qu’on laisse naitre une nouvelle génération privée dès la naissance de droits fondamentaux. Là encore, ils ont étés ignorés et amalgamés par le gouvernement, dans le déni le plus total.
3- actuellement le Front National connait un afflux historique de nouveaux adhérents, en particulier des jeunes, et se constitue un socle électoral durable tel qu’on l’estime déjà supérieur à celui du président actuellement en exercice, encore une fois dans le déni le plus total.
Cher Mathieu, je comprends parfaitement qu’on puisse très vite faire une overdose de « Frigide Barjot » et autre cocktail à la fois empreint de religion moyen-âgeuse, de style Bon Chic Bon Genre, avec la hargne cumulée des « bisounours » et des « télétubbies » … mais il s’agit ici : d’acceptation ou alors de refus de voir des valeurs fondamentales, à la base notre civilisation : la famille, être instrumentalisées en toute impunité dans le seul but de détourner l’espace de quelques mois l’opinion publique des vrais problèmes : le déclin économique et social du pays, là encore dans le déni le plus total !