Comme beaucoup de collectivités qui finalisent et votent leurs budgets – mais aussi pour l’Etat qui va boucler sa loi de finances – le contexte économique rend l’exercice particulièrement sensible (inflation des prix, relèvement du point d’indice, soutien aux populations, baisse de recettes fiscales etc.). Pour autant, c’est dans ces périodes agitées que l’on apprécie les effets d’une gestion équilibrée d’une collectivité et sa capacité à maintenir voire amplifier ses investissements d’avenir. C’est ce que nous avons pu faire lors du Conseil municipal du 15 décembre à Neuilly en présentant un budget 2023 très résilient dans le contexte. Trois points méritent d’être soulignés :
- Un point de méthode : depuis 14 ans nous veillons à réaliser un « budget de dépense » plutôt qu’un « budget de recette ». Cela consiste à établir notre budget, non pas de façon opportuniste, en fonction des notifications de recettes fiscales (en mars ou avril de l’année n, mais de façon réaliste, en fonction des besoins réels de dépenses et d’investissement, à l’automne de l’année n-1. Cette doctrine budgétaire (inspirée de celle pratiquée dans les entreprises) a le mérite de calibrer les dépenses aux besoins et d’éviter les effets d’aubaine relatifs aux dynamiques fiscales.
- Le second point est le corollaire du précédent : Cette méthode permet de constituer de façon récurrente des excédents budgétaires, lesquels viennent abonder la capacité d’autofinancement de la collectivité. Ce levier financier stimule notre niveau d’investissement tout en gardant un étiage de dette très maîtrisé (la dette est ainsi remboursable intégralement en moins de deux ans compte-tenu de l’épargne brute de la commune). Ce point est fondamental pour que la collectivité assure un rythme d’investissement conforme à la qualité de vie à laquelle aspirent les habitants et aux transformations qu’elle entend mener. C’est un enjeu d’attractivité qui vaut pour tous ceux qui agissent dans la sphère publique.
- Le 3ème point est presque « culturel ». J’avais été surpris dans mes travaux parlementaires (à la Commission des finances) de cette habitude d’être super-optimiste sur les recettes et autant pessimiste sur les dépenses. Cette culture financière est catastrophique en ce qu’elle accroît année après année les déficits publics et creuse d’autant la dette. Les recettes ne sont jamais aussi importantes que l’estimation initiale et les dépenses bien au-delà de ce qui avait été prévu. Au delà des déficits que cela génère, c’est la politique d’investissements qui en fait les frais. Il est temps de repenser une méthode budgétaire différente : pluriannuelle, contrainte dans son application, qui neutralise les doublons entre acteurs publics, qui anticipe davantage les aléas conjoncturels, économiques et leurs impacts budgétaires.
Nos collectivités sont bien entendu plus agiles pour appliquer cette doctrine. Elles ajustent davantage les dépenses aux besoins. Pour cette raison, il est urgent de décentraliser. C’est aussi un enjeu de bonne gestion …