Les vrais pivots pour l’avenir du pays, ce sont les villes moyennes !
LE FIGARO. – Le gouvernement travaille à un projet de décentralisation. Est-ce la bonne réponse ?
Jean-Christophe FROMANTIN. – Le concept même de décentralisation est obsolète. Dans un monde en réseau, la géographie des territoires doit être réinventée. Une récente étude du Cevipof, rappelait que 84% des Français veulent vivre dans les villes moyennes ou les villages. Le politique doit répondre à cette attente et remettre le réseau des villes moyennes au cœur du projet de société. Elles vont devenir les nouvelles centralités ! Les villes moyennes recèlent un potentiel inversement proportionnel à l’ambition que l’on a pour elles. Il faut désenclaver les métropoles, stopper l’hyper-densification et permettre à chacun de vivre là où il le souhaite. On a tout concentré dans quelques grandes métropoles, provoquant un développement asymétrique de la France, avec pour conséquences, un appauvrissement culturel, une crise du logement et une fracture territoriale sans précédents. On a créé des « périphéries », dans des zones mal desservies. On connait la suite avec la crise des gilets jaunes. Le géographe américain Richard Florida avait annoncé la crise des grandes villes. Paris n’y échappe pas.
Que proposez-vous ?
Nous allons passer d’un monde concentré vers un monde distribué. Depuis vingt ans, les politiques d’aménagement du territoire se sont faites sans anticipation, faute d’une vision politique et stratégique du développement géographique de la France. Or cette vision est une condition indispensable pour permettre un développement équilibré et à chacun d’investir sereinement : de l’habitant qui veut acheter un pavillon au maire qui veut développer sa commune. L’instabilité territoriale a découragé les projets d’achat ou d’investissements. Aujourd’hui, trop d’habitants se demandent : « le territoire où je vis a-t-il encore un avenir ? » C’est la raison pour laquelle, je propose de stabiliser le maillage des villes moyennes, de sanctuariser les réseaux de services publics et de développer les transports pour que chaque Français soit à moins de 20’ d’une ville moyenne, que chaque ville moyenne soit à moins d’1h30 d’une métropole et que chaque métropole soit connectée au monde. À partir du moment où l’on aura posé un modèle durable, un signal de confiance et de réinvestissement très fort sera envoyé.
Comment peut-on répondre au désir des Français de vivre dans les villes moyennes quand une partie des emplois est concentrée dans les métropoles ?
Il faut comprendre que la valeur ajoutée pérenne est d’abord dans nos territoires. C’est l’innovation qui rend possible cette nouvelle fertilisation de nos atouts, là où nous voulons vivre. C’est la seule issue pour sortir des impasses économiques, sociales, environnementales, culturelles, dans lesquelles la métropolisation du monde risque de nous projeter. Elles permettent désormais à chaque ville et à chaque village d’être au centre du monde.