A quelques jours du scrutin européen, n’oublions pas l’essentiel.
Les élections du 26 mai risquent d’être marquée, une fois encore, par l’indifférence des Français. A la question : « par qui souhaitez-vous être représentés au Parlement européen ? » beaucoup éluderont en prétextant une [légitime mais dangereuse] résignation. «Légitime », car sans les excuser de manquer à leur devoir, on peut comprendre leurs déceptions voire leurs colères vis à vis de la classe politique ; mais « dangereuse », car la résignation épuise la confiance et entame progressivement l’équilibre du contrat politique.
Alors, essayons de répondre à la question en s’intéressant aux personnes – n’est-ce pas l’essentiel quant on évoque la confiance ? –. Sortons du jeu suranné des partis pour focaliser notre attention sur les personnalités dont la probabilité est forte qu’elles siègent au Parlement européen. Deux d’entre-elles parmi les têtes de listes « européennes » iront quoiqu’il arrive à Strasbourg : Nathalie Loiseau et François-Xavier Bellamy. Si leurs capacités d’action seront sérieusement tempérées – à la fois par les pouvoirs limités que les Institutions européennes donnent au Parlement et par l’influence des groupes qu’ils rejoindront – ils incarnent, l’un et l’autre, une voix, des idées et un projet. C’est ce qui doit nous intéresser puisque l’Europe est aujourd’hui interpellée jusqu’à sa raison d’être. C’est à cela que nous devons réagir. Car, si Nathalie Loiseau et François-Xavier Bellamy, comme beaucoup d’entre nous, conviennent des enjeux contemporains auxquels le monde est confronté, de la reconnaissance des Traités existants et d’une politique européenne pour y répondre, ils se différencient d’abord par l’ambition et par le sens. Or, au questionnement sur sa raison d’être, l’Europe ne peut s’arrêter à des réponses circonstancielles ou conjoncturelles. Elle doit convoquer son histoire et son destin. Et, de ce point de vue les deux ouvrages de François-Xavier Bellamy – Les Déshérités et Demeures – offrent une contribution essentielle. Ils inscrivent l’Europe dans une culture qui forge à la fois notre sentiment d’appartenance et notre avenir. Car la raison d’être de l’Europe n’est pas seulement d’exister face à la Chine ou aux USA, mais de consolider et de transmettre sa conception de la liberté. Tous les défis européens – en particulier la paix et la prospérité mais aussi notre attachement à la dignité de la personne humaine – procèdent de cette valeur centrale. C’est bien notre conception de la liberté qui donne un sens au développement durable, à la lutte contre les économies prédatrices, à la question de l’immigration, au combat pour les droits de l’Homme ou à la diversité culturelle. Dans ses deux Essais François-Xavier Bellamy s’engage sur ces principes-socles. Son approche participe d’une ambition européenne dont la France a besoin dès lors qu’elle rappelle son attachement à la liberté : n’est-ce pas aujourd’hui la priorité ?