La France doit avoir une compagnie aérienne nationale, pour au moins deux raisons. D’abord, pour garantir l’universalité du service : on n’imagine pas que certaines destinations soient inaccessibles à destination ou au départ de la France. Air France doit construire son équilibre en intégrant ces contraintes. C’est ce qui justifie la présence de l’Etat dans sa structure capitalistique.
La seconde raison est plus symbolique. La marque « Air France » est le reflet du savoir-faire français. C’est une emblème qui participe de notre rayonnement économique et culturel à travers les monde. Une compagnie nationale historique comme Air France fait office de vitrine pour le pays qu’elle représente. Elle permet de renforcer la position française à l’international, de renforcer l’image d’une économie dynamique, attractive et compétitive. En outre, disposer d’une compagnie aérienne nationale contribue à conforter la place des aéroports français comme « hub » (plates-formes de correspondance, NDLR) sur la scène mondiale.
Air France traverse en ce moment une crise comme n’importe quelle entreprise peut en connaître. Son héritage, issu de la vieille économie, n’est adapté ni aux nouveaux champs concurrentiels, ni aux nouveaux besoins des consommateurs. Mais la modernisation, engagée ces dernières années par ses PDG Alexandre de Juniac puis Jean-Marc Janaillac, a été ralentie par des inerties propres à une structure étatique – alors qu’en réalité, l’État français ne détient que 14 % de son capital.
On a beau la considérer comme une compagnie nationale, Air France doit donc évoluer au même titre que ses concurrents privés. Elle doit être capable de les concurrencer. Comment faire ? Vaste question. La réforme se fait par petites touches. En réalité, je pense qu’elle est même déjà largement entamée : qui aurait imaginé, il y a quelques années encore, qu’Air France unifierait sous une seule bannière, HOP !, la totalité du réseau des lignes régionales ? Qu’elle créerait une compagnie low-cost ? Qu’elle remettrait en cause autant d’avantages acquis devenus insoutenables ? Ou bien, que des compagnies chinoises et américaines entreraient au capital du groupe ? Air France doit maintenir l’exigence de qualité qui fait sa réputation.
Tout cela fait partie de la stratégie de l’entreprise et je pense qu’Air France va dans le bon sens. Le mouvement global est encourageant, comme en attestent les chiffres de 2017 et la qualité du service que proposent ses lignes. Le temps joue pour la compagnie : il faut à tout prix éviter que la crise qu’elle traverse en ce moment ne mette un coup d’arrêt au processus de transformation.