Retrouvez ci-dessous l’interview de JC Fromantin et sur le site du Point :
À son tour, il se met en marche ! L’expression le fait rire. Écrivez plutôt « en mouvement », corrige-t-il. Dimanche 14 mai, quelques heures après la passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, Jean-Christophe Fromantinprésentera à Neuilly, la ville des Hauts-de-Seine dont il est le maire, les candidats que son mouvement politique présente aux élections législatives. Ils ne seront pas 577, comme prévu initialement, mais… 100. Cent hommes et femmes issus de la société civile et des territoires que Jean-Christophe Fromantin et son équipe ont été « chasser » partout en France – et, précisions-le, bien avant qu’Emmanuel Macron lance En marche ! Le centriste a fait alliance avec deux autres (petits) groupes, Nous, citoyens, créé par l’entrepreneur Denis Payre, et un certain Parti libéral démocrate. Les trois présenteront leurs candidats sous une bannière commune, Les Indépendants. Entretien avec Jean-Christophe Fromantin.
Le Point.fr : Pourquoi n’avez-vous pu rassembler que 100 candidats alors que vous aviez pour objectif 577 ?
Jean-Christophe Fromantin : Nous terminons à 100, mais 1 600 se sont présentés. L’exigence qui a été la nôtre de solliciter comme critères pour chaque candidature 100 soutiens et 4 000 euros de promesses de dons a limité le nombre. La commission d’investiture mise en place par Emmanuel Macron dans son mouvement correspond à celle du vieux monde jacobin. C’est Jean-Paul Delevoye qui, depuis Paris, choisit des candidats dans la Drôme, en Charente, dans la Creuse. Sur quels critères ? Dans ce casting, on trouve beaucoup de fonctionnaires, d’attachés parlementaires, bref, des gens bien placés. Notre démarche à nous est inverse : elle s’inscrit dans la vérité d’un territoire, et c’est aux citoyens de la circonscription de choisir leur candidat. C’est moins facile.
Regrettez-vous d’avoir soutenu jusqu’au bout François Fillon dans cette présidentielle ?
Non, j’ai été au bout de ma logique. Quand vous soutenez un candidat, vous le faites à fond. J’ai choisi François Fillon au premier tour, parce qu’il était le plus proche de mes convictions. Mais j’ai gardé ma liberté : je ne suis pas entré dans l’équipe de campagne. Puis, j’ai fait le même exercice avec Emmanuel Macron au second tour, parce que face à Marine Le Pen, on ne peut pas s’abstenir.
Ce qui a vous a valu de violentes critiques…
En effet. Je n’ai pas compris. J’ai donné un long entretien argumenté, étayé au magazine Famille chrétiennepour expliquer qu’il était hypocrite de s’abstenir, surtout quand on est un élu, et que je me positionnais dans une opposition constructive à Emmanuel Macron. Et j’ai reçu des messages d’une grande violence. On m’a même traité de « collabo » ! Je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir un réflexe aussi hystérique de la part de chrétiens, d’autant que j’ai été le seul parlementaire à avoir voté contre tous les projets de loi récents visant à « reformater » les grands équilibres humains : le mariage pour tous, l’IVG comme droit fondamental, le délit d’entrave, la fin de vie, l’autorisation de recherche sur l’embryon…
Que pensez-vous des premiers pas d’Emmanuel Macron ?
C’est un syndic de faillite, l’administrateur judiciaire d’un monde qui s’effondre. Son grand mérite est d’accélérer la chute d’un vieux système déjà cassé. Les partis étaient brinquebalants, ils ne tenaient que grâce à des tuteurs comme en jardinage. Macron est arrivé, et il retire les tuteurs. Le « reset » qu’il fait est important. Maintenant, il va falloir reconstruire. Et pour l’instant, je ne sens pas chez ce nouveau président une vision, une inspiration, un projet politique qui le permette.
Laissez-lui le temps d’arriver !
Certes. Mais le problème est que l’on ne voit pas poindre de projet ! Cette élection a montré de façon flagrante les ruptures territoriales à l’œuvre. La carte de France des votes parle d’elle-même : tous les territoires périphériques se sont exprimés dans des votes de réaction, agrégés sur Le Pen ou Mélenchon. Et, pour l’instant, on ne voit pas arriver une grande politique d’aménagement du territoire. Emmanuel Macron ne propose pas un nouveau projet d’ensemble. Sur la forme, c’est très bien : on a un président jeune, philosophe, connecté au monde et qui parle anglais. Mais ces avantages ne se traduisent pas dans son personnage politique. On ne sent pas une nouvelle vision de la France. Macron aura une majorité. Mais quelles seront la cohérence et la solidité de cette majorité à l’épreuve des réformes audacieuses qu’il promet ? Je le mets en garde, même si je n’ai pas envie d’être l’oiseau de mauvais augure : nous avons tous intérêt à ce qu’il réussisse.
Ils sont trop verts!
Belle analyse. Mais je me méfierai quand même.
Si Macron avait une vision, un chemin autre que celui de la conquête du pouvoir, on en aurait déjà vu quelques signes. Les maigres indications perceptibles fournies sont au contraire plutôt inquiétantes..