Le député-maire de Neuilly défend la candidature de François Fillon à l’élection présidentielle, estimant qu’il n’y a « aucune autre alternative ».
PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME CORDELIER A LIRE EGALEMENT SUR LE SITE DE L’HEBDOMADAIRE : Pourquoi Fillon paierait-il pour tous ?
Le Point.fr : Que vous inspire la situation politique actuelle ?
Jean-Christophe Fromantin : Comme tout le monde, je suis consterné. Le feuilleton a pris une tournure catastrophique : il n’est plus du tout question du fond, des enjeux, des propositions et des réformes dont la France a besoin. Arrêtons ! Il faut stabiliser les candidatures, et avancer. La droite ne peut pas rejouer un autre candidat à deux mois de l’échéance : aucun ne s’impose naturellement.
C’est pourquoi vous appelez à soutenir François Fillon ?
Ce n’est pas aussi direct. Je dis trois choses. D’abord, la présomption d’innocence rend inacceptable tout procès avant l’heure. Cela vaut pour tout justiciable aussi bien que pour un candidat à l’élection présidentielle. Attention à l’excitation et à la surenchère qui consiste à clouer au pilori un homme ! Ensuite, François Fillon a bâti un socle de propositions : est-on en mesure de les jeter aux orties ? C’est un acquis de campagne, il faut le garder. Troisième argument : il n’existe aucune autre alternative. Il faut y aller !
Et Alain Juppé ?
Le système des primaires – je l’ai constaté dès le début – n’a pas empêché la « balkanisation » de la droite. Alain Juppé produira les mêmes résultats pour son camp, en pire même puisqu’il n’aura pas la légitimité d’une victoire aux primaires. Avec une option « roue de secours », on fonce directement dans le mur.
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C’est donc Fillon ou le chaos ?
Tout cela n’est acceptable que si l’on en tire les enseignements. Tous ces abus existent dans le monde politique depuis des années, je les ai toujours condamnés – c’est ce qui a motivé mon engagement en 2008. Les partis ont construit un écosystème, qui est très peu codifié, réglementé et dont beaucoup de monde a bénéficié. François Fillon est le paratonnerre de ce vieux système. Il cristallise la défiance de l’opinion sur le monde politique. Mais les Français sont en train de prendre conscience des dégâts. Pourquoi Fillon paierait-il pour tous ?
À deux mois de la présidentielle, on ne peut pas se permettre une crise politique. Tout le monde connaissait ces abus. Le sujet n’est pas le procès de la magistrature ou d’un quelconque complot. L’enjeu est bien plus grand : il s’agit de faire de cette affaire un point de départ pour rénover la vie politique. Il ne faut pas nier les fautes commises ni les erreurs ni les dérives du système, mais, au contraire, de les reconnaître, de les assumer et de lancer un renouveau démocratique. Si François Fillon prend la mesure de ce qui se joue actuellement, il transformera sa campagne de façon positive…
Si l’on va au bout de votre logique, que devient le mouvement des 577 candidats que vous avez lancé pour les législatives ?
Il est plus que jamais nécessaire ! Pourquoi ? Parce qu’il est désormais vital de rebâtir un socle politique sur un terreau neuf. Et parce que l’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Jamais le besoin de renouveau n’a été aussi important, et plus que jamais celui-ci doit partir du bas, donc des territoires. Quand je vois tous les amis de François Fillon qui sautent dans les chaloupes au moment où le bateau traverse la tempête pour protéger leurs carrières, cela me pousse encore plus à l’engagement. S’il est élu, François Fillon aura besoin de reconstruire une majorité avec des personnes neuves. Et nos candidats, à la différence de ceux des partis, eux, n’ont pas peur ! Ils ont un métier et une vie à côté, ils ne dépendent pas entièrement d’un système politique…
Interview intéressante de jean-Christophe fromantin