Je rentre de Cracovie. J’étais invité par le Diocèse de Lyon – quelques jours avant l’arrivée du Pape François aux JMJ – pour animer un cycle d’interventions auprès de jeunes chrétiens sur l’engagement politique. Ces rencontres et ces échanges m’ont touché. Cet enthousiasme de milliers de jeunes au cœur de la Pologne faisait formidablement écho à l’appel de Jean-Paul II qui en 1978, alors qu’il inaugurait son Pontificat sur le thème de l’espérance, disait à la foule présente à Rome « N’ayez pas peur ! ».
Quel contraste avec le pessimisme ambiant et le climat de résignation qui envahit progressivement nos sociétés.
Difficile pourtant aujourd’hui de ne pas avoir peur. Les multiples problèmes du monde, la violence de l’actualité et les crises qui pèsent sur l’avenir menacent de nous entrainer vers des voies sans issues : la résignation pour certains, la révolte pour d’autres ou le repli sur soi. Pourtant une génération nouvelle nous interpelle ; elle nous demande de ne pas céder à la désespérance ni au doute, car, au delà de toutes ces tensions, elle doit construire son propre avenir et elle veut le faire sur d’autres bases, celles de la réconciliation et de la prospérité. Cette génération a besoin de nous. Elle attend que nous leur fassions confiance. Si nous n’arrivons pas à construire l’avenir, ni à nous réconcilier, ni à créer les conditions d’un développement plus équitable alors pourquoi ne pas leur donner plus de responsabilités ? Plutôt que de verrouiller, de piétiner ou de s’arc-bouter sur les schémas du passé, pourquoi ne pas les écouter et les impliquer ?
Les études d’opinion nous rappellent régulièrement le jugement très sévère des jeunes vis à vis des « politiques » qu’ils qualifient de « corrompus ». Cette corruption, au delà des affaires financières, vise le détournement de l’action politique, quand elle prive une génération des atouts dont elle a besoin, quand elle ne leur donne pas leur chance, ou quand, par la dette abyssale des pays, par l’absence d’audace dans les réformes ou par la situation de rente dont bénéficient certains hommes politiques, elle bloque les évolutions nécessaires à la construction de leur avenir. Quel égoïsme serait le notre si nous ne mettons pas en place rapidement les conditions de cette transmission.
Dans nos échanges je leur ai demandé de ne surtout pas exclure la politique du spectre des engagements qu’ils seront amenés à prendre. En restant libre, sans rien attendre à titre personnel de la politique. Non pas pour faire « métier » de la politique mais dans un esprit de service à la mesure de leur disponibilité ou de leurs talents.
L’engagement des jeunes est fondamental pour nous tous, au delà de leur génération, car ce sont eux qui sont les mieux placés pour remplacer les leviers de la peur par ceux de l’espérance. « N’ayez pas peur … »
Il est essentiel que des personnalités politiques catholiques aillent « prêcher la bonne parole », ensuite, il faut prier pour que le Saint-Esprit travaille les cœurs et l’intelligence de ces jeunes afin qu’ils s’engagent, en l’occurrence aussi en politique. En ce sens, votre témoignage, qui est du vécu et qui est concret, est extrêmement important. La suite ne nous appartient pas… Ayons confiance !
On parle des jeunes en France ou des jeunes Français aux JMJ de Cracovie ? On parle des responsables politiques en France ou du Pape ? On parle des – on va dire 0.1% (et je suis large dans la proportion) – qui sont là-bas, ou des 99.9% qui sont ici ? en bref, on parle de la France, ou d’une nébuleuse ? moi-même, en tant que chrétien je n’y vois aucun mal, c’est juste confus. Peu importe, au fond ce qui nous ronge de l’intérieur c’est une « perte de sens », une forme de dillution des valeurs à tous les niveaux, cela vous le savez déjà ; le Pape lui-même a décrit le problème de manière semblable. Ce qui est important par contre, c’est ce qui concerne 100% d’entre nous, c’est la place dans la société, les opportunités, l’emploi, les responsabilités, etc … oui, il y effectivement un problème. Récement, j’ai lu article intitulé « Les chaises musicales », dans lequel j’ai trouvé une phrase qui tourne en boucle dans ma tête : « le travail est devenu comme un grand jeu de chaises musicales. Plus le temps passe, plus les chaises disparaissent. Le problème, c’est qu’au lieu de s’unir pour changer de jeu, on court chacun derrière les dernières chaises » Question : peut-on promouvoir ce jeu de chaises musicales indéfiniment d’une part, et espèrer d’autre part calmer le conflit générationnel dans lequel nous sommes déjà ? C’est là le raisonnement qu’on attend d’un homme politique qui ne soit pas – comment dire ? – « corrompu ». L’enjeu ? c’est l’avenir, tout simplement.
voir : http://www.liberation.fr/france/2016/07/29/les-chaises-musicales_1469364
Il importe qu’un homme politique, particulièrement un homme politique nouveau, appelle la jeunesse, ou les jeunesses, à l’action politique. Merci, Monsieur Fromantin.
De toute façon c’est la société civile qui a pris le pouvoir. L impact des actions politiques est de plus en plus faible partout dans les démocraties du monde. L homme politique est de plus en plus en décalage avec le monde économique réel. Il faut soutenir les entrepreneurs, pas les politiques. L espoir viens de la. Tant mieux monsieur fromantin si ce voyage vous a servi de revelateur. Pour ma part je vis dans cette réalité depuis toujours. Je serais heureux de vous expliquer comment. ..