Le nouveau record du chômage n’a malheureusement rien de surprenant. Il s’inscrit en parallèle de la courbe des parts de marché de la France – dans la zone Euro comme dans le reste du monde – qui poursuit son inexorable déclin à la fois en volume et en valeur.
En 1990, la France représentait 6,3% des parts de marché mondiales, elle n’en représente aujourd’hui que 3,1%. Cette faible dynamique de l’offre française sur le marché mondial va devenir de plus en plus préoccupante, d’abord parce que les conditions ne sont pas encore réunies pour restaurer sérieusement les marges de nos entreprises, et d’autre part, parce que les perspectives de croissance mondiale pour les 10 années à venir ne seront pas comparables à celles que l’on a connues au cours des 10 dernières années. Comme l’a indiqué récemment le FMI, ce tassement de la croissance touchera autant les pays développés que les pays émergents.
La question se pose donc pour la France d’aller au delà de la simple remise à niveau que le Gouvernement tente d’opérer par différentes mesures de rattrapage.
Il s’agit d’anticiper et d’adapter durablement notre économie à un nouveau paradigme mondial encore plus concurrentiel et par conséquent plus exigeant en terme de réformes. Il faut reconquérir des parts de marché. C’est là le véritable enjeu. Notre capacité à renforcer notre compétitivité déterminera l’avenir des politiques d’emploi.
Le bon alignement des paramètres économiques dont nous bénéficions aujourd’hui aura certes un impact conjoncturel mais ne participera pas d’un retournement durable des perspectives de croissance et d’emploi.
Les projections d’emploi à court ou moyen terme en France se situent majoritairement dans les secteurs des aides à domicile, des services ou du tertiaire mais très peu dans les secteurs industriels où la France détient ses avantages comparatifs. Ce signal est inquiétant. Il nous rappelle qu’il est temps aujourd’hui de dessiner les contours d’une nouvelle politique publique qui combine à la fois une politique d’investissements très ambitieuse, des perspectives de formation visant à accroître la création de valeur ajoutée et un allégement très significatif du système d’administration qui gouverne notre pays.
C’est à ces conditions que nous opérerons un véritable changement de cap en matière d’emploi.
Les solutions préconisés par beaucoup d’économistes s’attachent à remédier à des dysfonctionnements du marché intérieur avec des réformes ambitieuses de structure, mais peu mettent l’accent sur la conquête de nouvelles parts de marché. Et pourtant c’est bien le cœur du problème. Alors si l’on veut être efficace, il faut remettre en cause les règles implicites de la mondialisation, l’absence à peu près total de contrôle des flux financiers et l’absence de concurrence loyale dans les échanges internationaux. Que fait l’Europe sinon obliger les états à accepter l’ouverture de leurs marchés aux monopoles des multinationales?