Interview Virginie Le Guay – Paris Match
Jean-Christophe FROMANTIN, député-maire de Neuilly-sur-Seine et vice-président de l’UDI livre ses ressentis sur la crise à l’UMP.
Paris Match. Les malheurs de l’UMP font-ils le bonheur de l’UDI ?
Jean-Christophe Fromantin : Ils font le malheur de toute la classe politique. Le taux de défiance, voire de suspicion, des Français vis-à-vis des politiques n’a jamais été aussi élevé, c’est terrible. Inutile de jeter de l’huile sur le feu, je regrette toutefois que ces querelles dérisoires, dans un pays qui enregistre 1 500 nouveaux chômeurs par jour, ne soient pas réglées plus vite, ni plus discrètement. C’est indécent. La politique, ce n’est pas “Dallas”.
Quel est le climat à l’Assemblée ?
Morose. Délétère. Les députés UMP sont mal à l’aise devant ces combats qui déchirent leur mouvement, fatigués de se faire engueuler dans leurs circonscriptions, fatigués d’être entre le marteau et l’enclume.
Nicolas Sarkozy a-t-il raison de s’en mêler ?
Je n’en suis pas sûr. C’est à ceux qui veulent écrire la nouvelle histoire de l’UMP de s’imposer. Qu’il les laisse se débrouiller ! Dans toute crise, on sort fort si on s’en sort par soi-même.
Est-il vrai que l’UDI enregistre, ces jours-ci, un afflux d’adhésions ?
Nous enregistrons, rien que sur Internet, 1 000 à 1 500 adhésions par jour depuis deux semaines. Une faible part de ceux qui arrivent sont des transfuges de l’UMP, les autres ne s’étaient jamais engagés dans un parti. On ne s’est pas créé sur les décombres de l’UMP. L’UDI n’est un projet ni de circonstance ni concurrent. Nous ne sommes pas des adversaires de l’UMP avec qui nous avons vocation à travailler en bonne intelligence.
“FRANÇOIS BAYROU CONFOND CENTRE ET ‘CENTRALITÉ’”
Ferez-vous des alliances avec l’UMP lors des municipales ?
Chaque fois que ce sera possible. L’UDI doit former une coalition forte avec l’UMP : la droite européenne et libérale d’un côté, une droite plus jacobine de l’autre… La droite sur ses deux jambes.
L’UDI prend la place laissée vacante par le MoDem ?
François Bayrou confond centre et “centralité”. Il est comme le culbuto qui penche à droite, puis à gauche. Plutôt à gauche d’ailleurs, si je me souviens de 2007 et de 2012. L’UDI est à droite et l’assume. Notre projet politique, qui sera dévoilé en juin, sera aux antipodes de celui de la gauche.
Vous êtes vice-président de l’UDI, chargé du projet. Comment marche le tandem avec Jean-Louis Borloo ?
Nous ne sommes pas de la même génération, nos tempéraments sont différents, mais nous avons tous deux gagné nos galons politiques dans nos territoires. A la force du poignet. Sans l’aide du “système d’en haut”. Cela nous donne une grande liberté de parole et de mouvement. Jean-Louis Borloo est un chef d’orchestre, pas un caporal-chef.
Etes-vous impatient de vous lancer ?
Ce sont les Français qui sont impatients. La politique si contre-productive de François Hollande nous fait perdre un temps précieux : les dégâts sur la compétitivité sont lourds, les signaux envoyés aux marchés, aux entrepreneurs, à l’Europe… désastreux. L’opposition doit se mettre rapidement au travail et proposer une perspective d’avenir. Ne nous “encalminons” pas dans nos affrontements. Nous risquons de le payer cher.
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